Le plus grand marché aux poissons du monde se trouve à Tokyo. Sans surprise, puisque les Japonais sont de très gros consommateurs de poisson. Il est possible de visiter le marché Tsukiji et je vous le recommande chaudement : ce fut l’un de mes coups de coeur !
Tsukiji est avant tout un quartier de Tokyo. Si vous voyez son nom dans vos guides de voyage, c’est tout simplement parce que le fameux marché aux poissons s’y trouve. Tous ces guides vous diront d’ailleurs tous la même chose : il faut absolument visiter le marché Tsukiji !
80 années d’existence. 42 000 visiteurs par jour. 19 000 véhicules qui entrent et sortent. 1677 étals. 480 espèces de poissons, de fruits de mer et de coquillages. 270 variétés de fruits et légumes. 3 000 tonnes de marchandise vendue chaque jour. 15 millions d’euros de recette quotidienne.
Quand on dit que Tsukiji est unique, ce ne sont pas seulement des mots, ce sont aussi des chiffres ! Il existe un nombre incalculable de livres, de documentaires, de photos et de reportages sur ce lieu unique.
Les guides conseillent d’arriver dès 5h du matin, pour assister aux enchères, quand les marchandises pêchées dans la nuit sont mises en vente. Régulièrement, la presse évoque un nouveau record de prix pour un thon rouge. Au nouvel an, un spécimen de 200 kilos est parti à 600 000 euros.
Sauf qu’assister aux enchères n’est pas si facile. Il n’y a que 140 places pour les touristes dans la salle. Pour espérer en avoir une, il faut s’inscrire au Centre d’information du marché, qui ouvre dès 4h30. Tsukiji a beau fasciner les voyageurs, ce n’est pas un lieu touristiques et les autorités entendent bien préserver les conditions de travail de ceux qui sont là pour bosser, pas pour s’amuser !
De notre côté, nous n’avons pas eu le courage de nous lever si tôt (ou de veiller si tard). Nous sommes arrivés vers 9h30 du matin. Plus d’enchères, mais ce qui nous intéressait le plus, c’était le marché lui-même. J’ai adoré me promener dans les allées (que la plupart des touristes, arrivés aux aurores, avaient déjà quitté), observer les vendeurs dans leur minuscule box en bois, les carcasses d’animaux, les poissonniers affairés à la découpe…
Juste à l’extérieur du marché, il y a plein de petites échoppes dans lesquelles les Japonais qui travaillent au marché viennent prendre une tasse de thé ou manger un morceau. Il y a aussi des habitués, des vieux bonhommes tout ridés, qui connaissent les lieux comme leur poche.
Bien sûr, il y a aussi beaucoup de restaurants à sushi. Fraîcheur garantie ! Les prix, en plus, sont tout à fait abordable. A 11h, nous avons avalé une demi-douzaine de sushi et de maki, chacun. En toutes honnêteté, ce n’était pas les meilleurs que j’ai mangé. Le souvenir reste précieux.
Ce que j’ai préféré à Tsukiji, pourtant, c’était de retourner dans le grand hall pour observer les allées et les venues. J’aime regarder les gens travailler et les prendre en photos pendant qu’ils effectuent des gestes que l’habitude a rendu fluide, presque beaux.
Alors Tsukiji risque-t-il de disparaître ? Depuis près de trente ans, les autorités veulent faire déménager le marché aux poissons, qui ne sera donc plus Tsukiji, mais Toyosu, un site éloigné du centre de Tokyo et des restaurants. Tsukiji n’est plus aux normes et la vétusté le rend dangereux, surtout en cas de séisme. Un crève-coeur, pour les travailleurs, mais c’était une nécessité.
Le déménagement devait avoir lieu le 7 novembre 2016. Sauf que deux mois auparavant, la gouverneure nouvelle élue de Tokyo jette un pavé dans la marre : le site de Toyosu, qui abritait avant une usine chimique, n’a pas été nettoyé correctement. Impossible d’envoyer sur un sol contaminé des produits qui vont nourrir des millions de Japonais (et quelques touristes aussi). Le projet qui coûte déjà plus de 5 milliards d’euros prend des allures de scandale.
Depuis mars, la rebellion s’organise. Les trois quart des professionnels ont signé une pétition pour demander l’annulation du transfert du marché vers Toyosu. Que va décider la nouvelle gouverneure ? Pour l’instant, la décision est gelée, mais le marché de Tsukiji devait être rasé dans le cadre des travaux pour les Jeux Olympiques de 2020. Rien ne garantit, donc, que Tsukiji survivra.
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