Pendant longtemps, le Mont Saint-Michel ne m’attirait pas, mais alors pas du tout ! J’imaginais un rocher pris d’assaut par les touristes, du matin jusqu’au soir. La réalité n’en est pas loin, mais j’ai finalement adoré mon weekend au Mont Saint-Michel.
JOUR 1
J’ai envisagé d’assister à la messe de 6h50 (laude, pour messe qui célèbre l’aube). Participer à une messe dans l’abbaye du Mont Saint-Michel, ça n’arrive pas tous les jours. Mais très franchement, je n’ai pas réussi à me lever. Comme je l’ai écrit plus haut : j’étais dans la région pour le boulot et j’étais fatiguée. J’ai donc fais la grasse matinée jusqu’à 7h45.
8h30. Rejoindre le Mont Saint-Michel à pied. J’ai pris l’un des hôtels qui se trouvent sur le lieu-dit La Caserne : à 1,5 km du Mont, il me suffisait de sortir et d’emprunter le joli pont-passerelle. Les navettes parcourent la distance en quelques minutes, mais j’avais envie de le faire à pied, pour me rapprocher en douceur de cette silhouette aux contours si connus.
À noter que, désormais, le Mont Saint-Michel redevient une île pendant les grandes marées. Pendant longtemps, on pouvait se garer à ses pieds, il avait complètement perdu son côté isolé qui a décidé les moines à y construire une abbaye. Des études ont aussi montré que l’ensablement progressait et que, si rien ne changeait, le mont aurait été entouré de prés salés d’ici 2040.
Une vidéo réalisée par le comité régional de tourisme :
9h30. Une fois arrivée, il faut entrer par le passage des personnes à mobilité réduite, car l’entrée principale est sous l’eau, à cause des grandes marées ! Je prends tout de suite les remparts, pour éviter les touristes matinaux. Direction : l’abbaye. Les portes n’ouvriront qu’à 9h30 (les horaires changent en fonction des saisons). J’ai acheté mon ticket à l’hôtel, la veille (et il m’a coûté un peu moins cher, 9€ au lieu de 10€, à noter que c’est gratuit pour les -26 ans) et je me suis dépêchée d’aller faire la queue, au milieu des groupes de touristes japonais. Ce sont souvent eux, les plus matinaux. J’entends la conversation en anglais d’une guide japonaise qui explique que le groupe visite le Mont Saint-Michel le matin, Paris l’après-midi, direction Amsterdam le soir. Je me dis que les Japonais n’ont jamais entendu parler du slow travel.
Dès l’ouverture des portes, je me rend sur la terrasse panoramique qui surplombe toute la baie. J’ai 4 minutes et 22 secondes de félicitée totale avant d’être rattrapée par mes Japonais et un couple de Britanniques. L’Abbaye est très belle, mais aussi très sombre, à l’exception de quelques pièces. Malheureusement, lors de mon passage, le cloitre était en plein travaux, donc je n’ai pu qu’entrevoir sa splendeur.
10h30. C’est le moment de flâner dans les rues. Passer devant les petits commerces, fureter sur les remparts. Observer les groupes scolaires en pleine partie de chasse au trésor sur le mont. Le temps est très, très changeant. Soleil à 8h, mini-averse de grêle fondue vers 10h, re-soleil radieux à 11h30. Je fais ce que je ne fais JAMAIS d’habitude : je m’installe à la terrasse d’un restaurant piège à touriste. Tous ceux qui m’ont donné des conseils et tous les guides que j’ai lu sont unanimes : à moins d’avoir un gros budget, mieux vaut éviter de manger dans l’un des restaurants « abordables » du mont, dont la qualité est inversement proportionnelle à l’addition. J’ai payé plus de 25€ pour une bolée de cidre (passable), une omelette (avec rien dedans, juste des oeufs et un soupçon de crème fraiche) et une coupe de glace (chaque boule presque de la taille d’une noix). On ne m’y reprendra plus.
17h. S’envoler ! J’ai beaucoup hésité à faire un vol en ULM au-dessus du Mont Saint-Michel. Le prix (entre 120 et 150 euros pour 30 minutes de vol) est à la fois suffisament abordable pour donner envie, et quand même un peu élevé. Finalement, j’ai cédé (à moi les pâtes au beurre pendant quelques semaines…) et je ne l’ai vraiment pas regretté. J’ai décidé de m’envoler avec Pascal, sur un gyrocoptère, le « nec plus ultra de l’ULM », dixit mon pilote. L’avantage : les bras sont libres, on a l’impression de flotter en l’air ! Le désavantage : j’ai le vertige. Au final, la sensation s’approche plus des montages russes (surtout quand, à la fin, il décide de se la jouer motard sur les 24H du Mans, mais dans les airs) que du vertige à proprement parler. Visuellement, c’est imbattable. On se rend compte de l’étendue de la baie, mais aussi de sa nature. Ce n’est pas qu’une grosse étendue de sable. J’ai volontairement programmé le vol à 17h, pour avoir une belle lumière et une marée basse. Très franchement, je n’ai pas tellement fait la fière, là-haut. Mais j’y retournerai sans hésiter et pour plus longtemps !
19h. Balade en voiture à la recherche des moutons. Ils broutent sur les prés salés, les étendues d’herbes qui sont recouvertes par la marées hautes et qui sont donc salées par l’eau de mer. L’agneau pré salé est un met typique du Mont Saint-Michel, m’a-t-ont dit. Je n’ai pas testé. J’ai préféré investir dans l’ULM plutôt que dans les repas ! Quand la marée commence à remonter, les bergers rentrent leurs troupeaux. L’occasion de les voir s’ébrouer avec l’image du mont en toile de fond.
20h. Balade autour du mont. On fait quand même assez vite le tour du Mont Saint-Michel lui-même, surtout qu’on m’avait dit d’éviter la plupart des musées, chers et assez décevant. Je me suis donc rabattu sur une balade sur la terre ferme. J’y suis revenue le soir, pour des photos avec une jolie lumière.
JOUR 2
Une seule chose au programme : une traversée de la baie ! On peut la faire en quelques heures, un simple aller-retour entre Avranche et le Mont Saint-Michel (voire un aller simple et on reste ensuite au mont). J’ai opté pour la version hardcore : 17 km de rando autour de la baie, dans un groupe restreint (nous n’étions qu’une dizaine), avec un guide génial et Imafa, sa chienne. Si nous avons marché 17 km, elle a du en parcourir au moins 60, à force de courir dans tous les sens !
Alors pourquoi y aller avec un guide ? La baie est un domaine maritime public : tout le monde a le droit d’y accéder et de se balader sur le sable, à marée basse. Sauf que c’est dangereux. Ce ne sont pas tellement les sables mouvants (en réalité, on ne s’y enfonce en général qu’au niveau des jambes, pas en entier), c’est le temps. Même ceux qui connaissent la région se laissent parfois surprendre par la marée qui remonte, non pas « à la vitesse du cheval au galop », comme aimait le dire Chateaubriand, mais au moins à celle « du poney breton au trot », comme l’a décrit notre guide. Sauf que le poney, tout breton qu’il est, va plus vite que vous.
Julien a été un guide super. Départ de la pointe du Grouin, en direction de l’île de Tombelaine, l’autre île de la baie. Elle est aussi grande que celle sur laquelle se juche le Mont Saint-Michel, mais elle semble plus petite, vu qu’il n’y a pas de construction dessus. Ensuite, on se rend au Mont, puis on rentre. Avec quelques détours pour aller observer (et mettre les pieds dans) des sables mouvants, traverser des rivières, découvrir le fonctionnement de la baie… On arrive vite à une balade qui frise les 17 km.
Le lendemain, j’ai souffert. Mes mollets et la plante de mes pieds ont mis deux jours à s’en remettre. À faire absolument !
Se rendre au Mont Saint-Michel
Comme je me trouvais à Rennes pour le travail, j’ai décidé de prendre le train. Le TER entre Rennes et Pontorson coûtent un peu moins d’une quinzaine d’euros. Depuis la gare de Pontorson, une navette (2,80€) vous conduit jusqu’au pied du Mont Saint-Michel.
Sauf que c’est une MAUVAISE idée. Très mauvaise. À moins de n’avoir qu’une journée, voire quelques heures, le mieux est encore de venir en voiture. Certes, le parking est non seulement hors de prix, mais il se trouve à environ 40 minutes de marche du pied du Mont, donc il faudra quand même prendre une navette (gratuite, celle-ci).
Pourtant, je déconseille vraiment le train, surtout si vous comptez rester deux ou trois jours. Même si le Mont Saint-Michel est l’une des principales attractions touristiques françaises (la deuxième en terme de fréquentation, après la Tour Eiffel), on est à la campagne. Les transports en commun sont basiques. J’ai fini par louer une voiture via le service de particulier OuiCar (71€ pour deux jours + l’assurance, là où les loueurs professionnels ne descendaient pas en dessous de 250€…) et j’ai pu me promener un peu, j’étais ravie !
Si c’était à refaire, je prendrai directement ma voiture. Quand on loge dans l’un des hôtels de La Caserne, on peut accéder aux parkings, moyenne un code pour la barrière, qui ne coûte que 4 euros. Si vous avez au moins deux jours, vous profiterez nettement plus de l’ensemble de la baie grâce à la voiture.
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